CE QUI DISENT LA VICTIME ET LE BOURREAU[7]

A Maya Surduts

Me voilà étriqué, étrivières aux poignets,

me voilà dans les ceps, dans le fers, au poteau,

dans tout ce qu’écartèle —et les mots et les os:

L’os tibia craque autant que le mot liberté.

Moindre chose d’ailleurs l’aveu qui se débite.

Le vrai enjeu plane au-dessus de ce râle comique,

on cherche de partout un mot inexprimable

à faire cesser le flux de ce jeu redoutable.

Mon bourreau en est las, et ce qu’il nécessite

c’est le mot qui découvre tout ce qu’il lui es interdit,

le choix enfin de pouvoir se commettre:

changer son mot d’ordre comme on change de maître.

1970